Lauf … Hersbruck … Hohenstadt … Sulzbach …
Une pancarte annonçait la vieille ville. Je me suis donc arrêté pour repartir au bout d’un quart d’heure environ en ne l’ayant pas réellement trouvée.
Nous avons des rayons cassés. Force nous est de nous arrêter. Nous en profitons pour déjeuner.
- « – Wohin kommen Sie ?
- Woher fahren Sie ? »
Les mêmes questions reviennent toujours. D’où nous venons ? Où nous allons ? C’est bien simple : Pat est parisien, Jacky est Canadien et je suis Andoran. Was ? Oui, vous savez bien, à la frontière espagnole … L’Espagne ! Ah oui, et à propos, les volontaires ? … Comment, les volontaires ? Pas des français en tous cas … Le gouvernement français est terrible, il empêche tout le monde de passer. Oui … Bien sûr … Ce n’est pas ce qu’on dit dans les « Zeitungen », mais je crois le savoir … puisque je suis Andoran. Les grèves ? Quelles grèves ? … Celles de juin …C’est fini depuis longtemps, et puis on a bien exagéré. L’Exposition ? … Un succès … Hein ? Pas finie ? Que si qu’elle est terminée, et rudement bien encore. Nous l’avons visitée je ne sais combien de fois avant de partir.
Oui … Nous disions donc que nous étions étudiants à Paris. Nous avons vu la Belgique, le Luxembourg. Maintenant, nous allons visiter la Pologne et le nord de l’Europe…
Le plus fort, c’est que tous ces braves gens avalent ça comme du petit lait. Ils ouvrent des yeux effarés. Ça fait trois trous : les deux yeux et la bouche, la bouche ouverte au maximum.
Nous avons bien gagné notre déjeuner. Nous nous installons dans un champ, auprès d’un petit ruisseau ce qui nous permettra, par la suite, de réparer les boyaux.
Nous entendons des cris, des hurlements. On tue quelqu’un ? Il y a le feu ? C’est Hitler qui fait une visite à Sulzbach ? Non, ce ne sont que des buveurs de bière qui répètent en choeur et à longueur de journée l’Orst Wessel Lied. C’est dimanche ; il faut bien se distraire, n’est-ce pas ?
Hanbach … Gebenbach … Hirschau … Nous sommes arrivés. Nous sautons une haie et nous installons dans un champ près Dun ruisseau. Nous sommes tranquilles, personne ne viendra nous déranger bord, il y a la haie …
Là-bas, vers Hirschau, d’énormes tas de kaolin rosissent aux lumières du couchant.
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