10/11/12/13 Septembre 1937 – 21 Mai 2022 – Strasbourg / Verdun
10/11/12/13 Septembre 1937 – 21 Mai 2022 – Strasbourg / Verdun

10/11/12/13 Septembre 1937 – 21 Mai 2022 – Strasbourg / Verdun

Il a plu toute la nuit. Nous devons replier notre tente vert pomme sans attendre qu’elle soit sèche. Nous sommes transis.« Nous entrons dans une ferme pour préparer notre cacao. La patronne est à genoux et lave le carrelage à grande eau. Elle frotte vigoureusement avec un torchon. Elle nous fit entrer malgré nos pieds boueux, nous installe près du feu et met une casserole à notre disposition. Elle nous demande :

  • Mais où est la femme qu’était avec vous ?
  • Une femme ?
  • Oui, mes hommes hier en rentrant, m’ont dit qu’ils avaient vu une tente dans le champ et qu’il y avait une femme qui s’démenait pour allumer l’ feu »

La femme, c’était Pat. Ils l’ont sûrement vu de dos et au crépuscule. Ses cheveux en broussaille ont suffi à créer l’illusion.

Sarre-Union …

Geneanet© sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

Sarralbe … Puttelange … Nous sommes dans la région de la ligne Maginot. Par endroits, des champs de rails plantés verticalement en terre, marbrent les prés d’une longue ligne couleur de rouille qui serpente jusqu’à l’horizon. De temps en temps, la route est barrée par une triple ou une quadruple rangée de trous. C’est là que l’on placera l’explosif.

Des barrières métalliques, semblables celles qui ferment les passages à niveau, peuvent interdire le passage. Des chaînes énormes sont destinées à remplir le même office et n’attendent qu’un signal pour être mises en place.

De ci de là, la note claire d’un petit blockhaus met un peu de diversité dans le paysage.

Des écriteaux placés un peu partout interdisent de photographier. L’interdiction se limite d’ailleurs à cela : on demande aux gens de ne pas prendre de photographies, mais on ne fait rien pour les n’empêcher au cas où ils passeraient outre. En Allemagne, il y aurait des sentinelles un peu partout. Il serai même interdit de passer sur la route. Le Français est confiant, trop confiant …

Nous avons oublié de prendre le premier plan de l’écriteau : « Défense de photographier » . Dommage … C’eût été original, avec une photo montrant l’entrée d’un fort au coucher de soleil …Personne ne nous en eût empêché et, personne certainement, n’empêche les espions à la solde de l’étranger … En Allemagne, nous … mais nous sommes en France …

Je suis la « route de la ligne Maginot aquatique ». Je ne savais pas qu’il en existait d’une telle sorte, mais quoi qu’il en soit, les seuls barbelés que l’on distingue sont ceux des limites de champs ; quant aux casemates, je finis par en trouver au bout d’une bonne vingtaine de kilomètres de route. Des visites guidées sont possibles, sous réserve de réserver 8 jours à l’avance. On a aussi le choix entre portion du soldat dans une gamelle ou dans une assiette …

Saint-Avold … Nous faisons encore deux kilomètres et trouvons une vieille maisons délabrée à huit cents mètres de la route. C’est à croire qu’elle a subi un violent bombardement : les murs sont percés, les planchers effondrés, la toiture à l’état de souvenir. Sous un vestige de plafond, un tas de foin, actuellement habité par une chatte surprise d’être dérangée dans sa retraite, nous servira de paillasse.

Nous poussons des pierres. Elles nous tiendront lieu de sièges. Un pan de mur sera notre table. Le bois pour notre feu abonde sous forme de poutres, de solives et de planches…

©Geneanet sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

Boaf .. Seul détail amusant : le panneau à l’entrée de l’église demandant à refermer la porte, car l’église est chauffée :

  • il fait 24°C dehors et l’église n’est pas chauffée
  • la grande porte est ouverte ?

Nous croyons trouver des traces de balles sur les murs… Avons-nous tort ? Avons-nous raison ? Cette maison a une histoire, qui est sûrement triste, mais comme nous ne savons pas laquelle, nous avons tendance à dramatiser, et ne nous en privons pas. La vérité est peut-être plus simple que nous l’imaginons avec nos histoires de carnages, d’obus, de mitraille. La ferme a pu être abandonnée parce qu’elle ne rapportait pas assez, ou par manque de bras pour travailler la terre et puis, peu à peu, elle est devenue ce qu’elle est aujourd’hui : une ruine … Mais ça aussi, c’est une histoire triste …

Cette nuit, nous dormirons parmi les gravats et les plâtras, dans ce qui fut une maison et qui n’est plus que quelque chose qui a une histoire, une histoire triste que nous ignorons …

12 septembre 1937 : Page 3

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.