28/29/30 Août 1937 – 16 Mai 2022 – Innsbruck / Landeck
28/29/30 Août 1937 – 16 Mai 2022 – Innsbruck / Landeck

28/29/30 Août 1937 – 16 Mai 2022 – Innsbruck / Landeck

La nuit a été agitée. J’ai à peine pu fermer l’oeil de la nuit. Mes compagnons se sont agités longtemps.

A quatre heures du matin, nous nous levons. C’est d’autant plus vite fait que nous sommes habillés. Jacky reste avec le matériel. Pat et moi, nous prenons nos blousons imperméables et nos appareils photos et partons de l’autre côté de la frontière. Un seul douanier est éveillé. Il tient absolument à nous faire signer une déclaration de devises pour les quatre cent cinquante couronnes tchèques qui nous restent.

Entre temps, le jour s’est levé. Un brouillard dense met la visibilité à trois mètres. Nous partons vers la gauche pour tenter d’escalader une montagne sur laquelle nous avons remarqué hier des lettres gigantesques qui formaient les mots : « REX » et « DUX ». Nous montons.

Nos minces sandales sont depuis longtemps traversées par l’humidité. A sept heures, nous émergeons de la brume. Nous suivons quelques temps une voie de soixante …

L’herbe devient moins dense et plus courte. A huit heures, nous parvenons à une sorte de piquet qui porte des plaques indicatrices. Les nuages sont maintenant bien au dessous de nous. Ils forment un immense lac cotonneux serré entre les montagnes dont quelques unes enneigées.

Nous ne pouvons continuer à progresser. Nous nous trouvons devant un précipice profond et peu engageant. Nous obliquons vers le nord en utilisant un sentier croulant qui serpente à flanc de rocher.

La végétation a disparu. Nous ne trouvons plus que des roches de formes, de contexture et de nature très différentes. Certaines pierre ont des reflets métalliques. D’autres ressemblent à du bois. Nous bourrons nos poches d’échantillons. Bientôt, Pat en a plein son blouson.

Maintenant, nous sommes dans la neige.

Elle est gelée. Chaque pas nous est très pénible à cause de la croûte de glace qui nous écorche sans cesse nos chevilles nues. Nous continuons quand même.

Au retour, après avoir contemplé les sept chaînes de montagnes qui se profilent entre nous et Innsbrück, nous faisons un peu de varappe. Lorsque nous arrivons en vue du poste italien un méchant génie nous suggère de rentrer en Autriche par la montagne. Nous descendons un joli pierrier presque à pic. Là ba, au poste italien, des gens s’agitent. Certains tendent le bras dans notre direction. D’autres, dont on voit très nettement les fusils, partent vers nous. Ce n’est plus le moment de s’amuser, il faut faire vite.

Nous nous trouvons devant un torrent, pas très large mais dont les rives sont escarpées, la frontière, sans nul doute. Nous le franchissons tant bien que mal en sautant de rocher en rocher.

Maintenant, nous foulons des champs … autrichiens après avoir franchi la frontière en fraude. Un dernier crochet pour éviter la douane autrichienne, et nous voici dans notre domaine, au vieux moulin.Nous faisons quelques commissions en Italie (notre passeport porte un cachet d’entrée en supplément), plions la tente, lions les bagages sur nos bicyclettes et quittons à jamais le col du Brenner.

Innsbruck … Zirl …

Il pleut par intermittence. Les villages traversés sont des villages de montagnes tout ce qu’il y a de quelconque, bref, je n’ai aucune envie de m’arrêter, si ce n’est pour déjeuner et me sèche un peu.

Un petit bois près de l’Inn nous semble propice pour dresser notre abri. Les moustiques nous trouvent particulièrement à leur goût à en juger par les attaques massives qu’ils montent contre nous. Pat et Jacky s’efforcent de chasser nos hôtes inopportuns au moyen d’émissions massives de fumée de pipe. Le résultat certain, c’est que si les moustiques ne sont peut-être pas asphyxiés, nous le sommes …

30 Août 1937 : Page 3

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