29 Juillet 1937 – 3 Mai 2022 Vianden / Trêves
29 Juillet 1937 – 3 Mai 2022 Vianden / Trêves

29 Juillet 1937 – 3 Mai 2022 Vianden / Trêves

Après une nuit étouffante, nous avalons un porridge bien collant comme petit-déjeuner, démontons la tente et repartons en direction d’Echternach.

Dès la sortie de Vianden, nous nous trouvons aux prises avec une grande côte. Heureusement, nous commençons à y être habitués, et, pour une fois, nos changements de vitesses consentent à faire ce que nous leur demandons. Nous nous arrêtons cependant pour prendre quelques photos, les dernières. Avant le haut de la montée, nous dépassons les trois jeunes hollandais d’hier. Ils poussent leur bicyclette à la main et suent à grosses gouttes.

Les jeunes filles, elles, sont parties depuis longtemps. Nous les rattrapons après Wallendorf, dans une côte qui n’en finit pas. Elles s’étagent le long de la montée à cinquante mètres les unes des autres. Le capitaine est nettement en tête avec deux de ses amies. Elle a de magnifiques cheveux acajou, des yeux bleus, clairs et francs, des dents éblouissantes que laisse voir un perpétuel sourire, et un menton volontaire (un capitaine, même quand c’est une femme, ne doit-il pas être volontaire ? ) . Sa bicyclette, comme toutes celles de sa troupe est un véritable échafaudage. Je me demande comment il est possible de s’y jucher dans escabeau et sans chutes.

Nous sommes en haut de la pente, assis sur un tronc d’arbre. Peu à peu les jeunes Hollandaises rejoignent, se regroupent et s’allongent à nos côtés. L’une d’elles parle de certain bal dans certaine forêt des environs d’Esternach. Je saisis la balle au bond et me propose comme cavalier. Franchement, celle que, faute de savoir son nom, je continue d’appeler le capitaine, ne me déplaît pas. C’est même celle que je préfère avec une autre dont les grandes nattes me font penser à Gretchen. Malgré ma barbe qui commence à pousser dru, et peut-être à cause d’elle, elles acceptent.

Branle-bas de départ … Curieux, aucune d’elles ne tombe en grimpant sur sa monumentale machine. A côté d’elles bien droites sur l’espèce de tabouret à piano qui surmonte leur cadre à l’arrière, et tenant à l’avant quelque chose qui doit être un guidon, mais qui en a une fois la hauteur et deux fois la largeur, nous faisons figure de nabots, ramassés que nous sommes sur nos selles basses, serrant nos guidons raccourcis vers le bas.

Et puis elles roulent doucement, doucement, à dix à l’heure. Nous bouillons tellement que nous les lâchons après une nouvelle promesse de les retrouver à Echternach.

Entre Bollendorf et le lieu de notre rendez-vous, il fait si chaud et la Moselle semble si fraîche que nous nous arrêtons pour nous baigner. Nous escaladons une double haie d’aubépine qui nous barre la route, avec vélos et bagages. L’aventure a un certain piquant. Essayez et vous en jugerez, surtout, si, comme c’est notre cas, les porte-bagages sont chargés au point de faire cabrer votre bicyclette d ès que vous n’êtes plus dessus.

L’eau est fraîche, mais peu profonde. Nous nous contentons de faire trempette en marchant avec précaution sur les pierres glissantes qui garnissent le fond de la rivière.

Lorsque nous repartons, nous n’avons pas encore de nouvelles des Hollandaises.

Nous arrivons à Echternach à midi et … décidons de pousser plus loin cet après-midi de façon à coucher en Allemagne. Cette ville qui était notre but ne devient plus qu’un point de ravitaillement. En passant sur la grande place en face des arcades, nous nous trouvons nez à nez avec Johny, notre premier hôte de Luxembourg que son métier de voyageur de commerce a amené dans la région. Exclamations … Surprise … Histoires … Il a déjà déjeuné. C’est dommage. Il nous rattrapera avec son automobile, tout à l’heure sur la route.

Lorsqu’il nous retrouve, nous sommes installés au bord de la Moselle, devant nos gamelles qui contiennent un riz savoureux et de merveilleuses saucisses sautées au beurre.

En face, la rive allemande est déserte.

Plus tout à fait : aujourd’hui de très nombreux campings bordent les rives.

L’après-midi, nous nous arrêtons à l’A.J de Rosport pour boire un dernier demi luxembourgeois. Nous nous essayons à jouer aux quilles, mais notre maladresse est telle que nous y renonçons vite pour aller nous présenter à la douane de Rosport. Un vieux douanier nous assure que pour aller à Trêves, mieux vaut passer par le poste de Wasserbillig, car du côté allemand, la route est très mauvaise. Il nous conseille de faire attention, car dit-il, là-bas, on est très sévère pour les photographies prises en zone rhénane. Il est tellement plein de bonnes dispositions que nous réussissons à lui extorquer un cachet pour nos passeports.

La route, côté luxembourgeois est très roulante, un peu comme la levée de la Loire, sinuant doucement et en plus avec une excellente qualité de revêtement

L’Allemagne … Il faut répondre à un questionnaire pour une déclaration d’argent. Une feuille suffira pour nous trois. On nous demande si nous avons du chocolat, où nous allons, pourquoi nous sommes passés par le Luxembourg plutôt que directement par la France, si …

Grosse différence avec les autres frontières fantômes, ici, un énorme panneau face à la sortie du pont signale l’entrée en Allemagne.

Ouf, nous sommes libres, libres d’aller où nous voulons. Nous pousserons donc jusqu’à Trier (Trêves), à dix-sept kilomètres de là. Lorsque nous arrivons, les banques sont fermées. Par d’argent, pas de nourriture. Tant pis, réfugions-nous à l’A.J. A l’aide d’un peu d’allemand et de beaucoup de courage, nous demandons la « Jugend Herberg », et avec beaucoup de patience, nous la trouvons. C’est un vaste bâtiment genre caserne, dans lequel circulent des tas de jeunes gens en uniformes hitlériens, ou en short noir et chemise kakie, ce qui est un autre uniforme. De temps en temps, on nous salue d’un vague geste et d’un non moins vague bredouillis qui veut signifier « Heil Hitler ». Ils ont tous tellement l’habitude de le dire dans le sens de bonjour qu’ils n’y attachent plus aucune signification.

©Geneanet sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

Pour ma part, je choisis l’Hôtel Mercure, moins coûteux que celui d’hier et situé juste en face de la Porta Nigra.

Le rez-de-chaussée de la construction sert de garage pour bicyclettes et canoës. Les vélos s’empilent les uns sur les autres à s’en croire chez le fabricant. Les dortoirs sont au premier étage.

L’Herbergsmutter nous demande notre carte et l’examine d’un œil soupçonneux. Sans un mot, elle fourre nos trois cartes dans un tiroir, nous fait signe de signer un énorme registre, et enfin, c’est consolant, sur notre demande, nous avance quelque argent. Nous allons reconnaître ns couchettes, nous lavons un peu, nous changeons, et allons visiter la ville.

Changement d’époque, le réceptioniste me croit sur parole lorsque je lui dit que j’ai une carte de fidélité des Hôtels Accord. Il me tend un bon pour une boisson de courtoisie et une barre de chocolat 🙂

Lorsque nous passons, chacun se retourne. Les femmes surtout. Il est vrai que l’embryon de barbe que Jacky et moi affichons et mes longs cheveux font sensation chez des gens qui portent ou qui, plutôt ne portent pas de cheveux et sons rasés de près. Ils doivent fabriquer un ersatz quelconque avec tous les poils qui ne leur sont pas indispensables, un produit genre fromage ou viande synthétique. Ils sont capables de tout.

La Porta Nigra retient notre attention un bon moment puis, nous descendons une grande avenue, sans savoir, pauvres innocents que nous sommes, ce qui va arriver. Nous commettons l’imprudence d’entrer dans un restaurant, de nous attabler et, pauvres de nous, de commander le menu. On nous apporte de l’eau légèrement teintée qui porte le nom de soupe, trois nouilles, quelque chose de gélatineux et de tremblotant qui est sensé représenter de la viande, une pomme pas mûre et c’est tout. Non, ce n’est pas tout : il y a l’addition. Je n’ose y penser. La soupe, ou au moins ce qui en tenait lieu, nous est comptée 1 RM chacun. Le dîner nous revient à 4,8 RM, plus d’argent allemand que nous en possédons. Jacky laisse une belle pièce de vingt francs en gage, car pour le surplus, le mark nous est compté 11 francs.

©Geneanet sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

Nous en avons suffisamment vu pour ce soir. Rentrons …

Petite ville sympa où il fait bon se promener. Presque tout est concentré sur 1,5 km. Les gens ont l’air serein, les anarchistes manifestent tranquillement. Dommage que des baryums, installés pour le festival de rock, défigurent la vue de la cathédrale. A l’heure où je passe, les monuments sont fermés, ce qui me donne un prétexte pour revenir.

Par paresse, je dîne au bar de l’hôtel. Je n’ai pas réellement retenu le nom du plat principal, mais il était composé de haricots blancs, de jambon et de pommes de terres. En dessert, j’ai pris une Flammekuchen aux pommes et noix caramélisées. Il y en avait beaucoup trop …

Informations

Distance parcourue

220km km

Durée totale

10 heures

Durée de roulage

5 heures

Moyenne

44 km/h

Vitesse maximale

122 km/h

Déjeuner

Restaurant :L’Autre Chapelle Bastogne
Menu : Carbonades – Nougat glacé – eau – café
Prix : 125,405 €

Dîner

Restaurant : bar de l’hôtel
Menu : Plat – Flammekuchen pomme
Prix : 27,20 €

Hôtel et Petit Déjeuner / Parking

Hôtel : Hotel Mercure Porta Nigra
Confort : standard
Prix : 120€ (chambre – pt déj. – parking )

Activités

Visite Cathédrale 5€
Visite ville de Bastogne
Visite War Museum : 16€
Visite Trèves

Total marche :6,8 km

Essence

SP
Quantité :
Prix :

Divers

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.