25 juillet 1937 – 02/03 mai 2022 – Paris – Luxembourg – Ospern
25 juillet 1937 – 02/03 mai 2022 – Paris – Luxembourg – Ospern

25 juillet 1937 – 02/03 mai 2022 – Paris – Luxembourg – Ospern

Le train de nuit ne permet pas les vagabondages touristiques ; je roule donc vers mon premier objectif, Longwy, par la route la plus directe et en évitant de visiter les châteaux, cathédrales et âtres basiliques. Mais le Moulin de Valmy (reconstitution) me détourne de cette résolution. Kellerman y a fait enterrer son cœur au milieu des « braves » qui sont morts pendant cette bataille. Aujourd’hui, de nouveaux braves s’occupent de la propreté de son monument.
Et puis je me suis peut-être fait flashé par un hélicoptère de la gendarmerie au moment où je doublais, franchement, la voiture qui se trainait devant moi (elle avait dû le voir). Je verrai en rentrant …

Le train s’arrête à la frontière franco-luxembourgeoise, un peu après Longwy. C’est notre première frontière et, espérons – le, pas notre dernière.

©Geneanet sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

Le douanier luxembourgeois est un bon gros monsieur. Il nous demande, tout en lissant sa moustache qui, si elle n’est pas très belle est fort imposante, il nous demande si nous n’avons rien à déclarer. Bien entendu, nous répondons par la négative. Nous ajoutons toutefois, que nous avons des bicyclettes aux bagages. Justement, le douanier descendent nos vélos du fourgon. Nous jugeons plus prudent d’aller voir de quoi il retourne. Un douanier, sans moustache celui-là, nous demande des triptyques pour laisser passer nos véhicules. Je montre ma carte du TCF (Touring Club de France – NDLR). Je suis en règle. Il n’en est pas de même pour mes camarades. Ils doivent laisser une caution. Nous discutons tellement qu’il nous en fait grâce. Nos bicyclettes réintègrent leur fourgon, nous notre compartiment, les douaniers leur poste et le train repart.

Je pense avoir passé la frontière en observant les dizaines de stations services, à touche touche.

A 8h27 très exactement, nous sommes en gare de Luxembourg. Nous nous mettons à la recherche de nos bécanes qui nous sont rendues sur l’heure. Nous chargeons notre barda, sortons sur la place, enfourchons nos vélos et …

  • Ah zut !

C’est Pat qui vient de pousser cette exclamation. Son dérailleur a été faussé pendant le transport et se refuse obstinément à fonctionner. Pauvre vieux Pat ! Il l’avait mis au point avec tant de soin avant le départ. Ce n’est vraiment pas de chance. Il faut sortir les pinces et transformer le trottoir en atelier de réparation.

Enfin nous pouvons repartir. Claude en sera quitte pour ne pas changer de vitesses. Après bien des difficultés, Jacky qui, je ne l’ai pas encore dit, est de descendance luxembourgeoise, finit par retrouver la demeure d’un ami hospitalier, un certain Johnny, épicier et représentant de commerce. Ce dernier nous sert un petit déjeuner on ne peut plus copieux, puis il nous interroge sur nos projets. Nous lui assurons que nous comptons visiter le Grand Duché, une partie de l’Allemagne et si possible, descendre en Suisse pour remonter ensuite par la Forêt Noire. Il sourit, mais comme il est poli, il n’affiche pas outre mesure son scepticisme.

Place de la Gare – © Geneanet sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons
Gare de Luxembourg

Nous parcourons les rues de Luxembourg et visitons les remparts d’où l’on découvre une vue magnifique sur la ville basse. Si ce n’était l’aspect de propreté inusité des avenues, on se croirait dans une ville de France.

© Geneanet sous la licence : CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

La vue est surtout très belle sur la vallée de la Pétrusse qui a été aménagée en parc et promenade. Autrement, c’est une petite ville, très très chère !
Les hôtels en centre ville sont prohibitifs. Je me tourne donc vers le quartier de la gare où, d’après Booking.com,, on trouverait des hôtels plus abordables. Boaf ! De guerre lasse, je prends la dernière chambre restante à l’hôtel Christophe Colomb. C’est une chambre triple, avec trois petits lits et des couettes très courtes et très étroites.

Beaucoup de passage et de bruit dans la rue, bref une nuit pas terrible 🙁

Jacky est plein de ressources. Il se découvre encore des amis ou des cousins, je ne sais plus exactement, dans les faubourgs de la ville. Une visite de politesse s’impose. Où l’un va, les autres vont. Nous filons. La faim n’est peut-être pas étrangère à notre empressement.

Nous traversons un grand pont métallique. Jacky mène le train. Il prend à toute vitesse une petite descente qui termine le pont, s’aperçoit qu’il passe la rue où nous devons aller, veut tourner à gauche, dérape sur du gravier et tombe dans la poussière. C’est amusant, et je vais le lui dire, quand, sans savoir comment, en prenant le même virage, je me retrouve assis par terre. Pat, rendu prudent, freine et passe au large. Maintenant, c’est Jacky qui rit. Il n’a pas tort. Nous nous relevons. Les bicyclettes sont intactes. J’ai la main droite légèrement entamée.

Nous nous arrêtons devant une maison tout à fait semblable à une habitation de banlieue parisienne. Notre guide sonne. La porte s’ouvre. Une vieille femme se montre. D’abord, elle nous parle dans une langue que je ne comprends pas, puis, brusquement, elle lève les bras au ciel et s’exclame : « Maurice ». La suite était facile à prévoir. Nous sommes invités à déjeuner. En attendant l’heure du repas et les convives, Pat s’escrime après son dérailleur. Il tord un levier d’un côté, cogne sur un pignon, serre des écrous et, chose extraordinaire, il dispose maintenant de deux braquets.

Entre temps, plusieurs personnes sont arrivées. Chaque fois, il faut que nous nous lancions dans des explications à n’en plus finir pour leur faire comprendre comment le désir de nous perfectionner en allemand , nous a amené à entreprendre cette expédition.

Après un plantureux déjeuner nous terminons rapidement la visite de la ville, et puis nous partons direction de Harlange où Jacky (il est décidément très précieux) a encore de la famille.

A peine sortis de Luxembourg, il nous faut escalader une grande côte. Nous ne sommes pas entraînés et le soleil tape dur. Dieu que c’est pénible ! Pat a des ennuis avec son changement de vitesses. Nous sommes contraints de descendre. A franchement parler, nous en sommes heureux.

Nous traversons un bois. Ouf, ça y est ! Cette satanée côte est terminée. Nous profitons d’une descente. Hélas, voici une autre montée, peut-être encore plus raide que la première. Pour nous changer les idées, nous essayons de nous parler en allemand ainsi qu’il avait été décidé avant le départ. Nous y renonçons bientôt. Nous ne comptons plus les côtes. Le manque d’entraînement se fait durement sentir.

Personnellement, je me suis régalé : les routes sont belles, les montées relativement douces, mais longues. Les lignes droites alternent avec dessertes de virages plus ou moins serrés, le tout à travers bois avec des dégagements sur les vallons. Bref, des routes bien sympathiques à moto, mais qui doivent effectivement faire souffrir lorsqu’on est sur un vélo, chargé qui plus est. J’ai d’ailleurs croisé des cyclistes amateurs qui moulinaient tant qu’ils pouvaient sans grandement avancer.

Nous passons Tuntingen, Saul, Reichlange … `

Il est près de dix-neuf heures lorsque nous arrivons à Ospern, après une dure ascension.

Ospern

Nous faisons nos achats dans l’unique épicerie du village. Ils se réduisent à très peu, car nous avons emporté la majeure partie de nos provisions. Deux litres de lait, trois kubs, une pelote de ficelle, un pain. C’est tout ce qu’il nous faut. Non … il nous manque encore de l’eau. La poche à eau est et demeure introuvable. Nous empruntons deux bouteilles. Dehors, nos bicyclettes sont le centre d’attraction de tous les habitants de l’endroit.

Ils manœuvrent les changements de vitesses, regardent si les sonnettes fonctionnent, pressent sur les boyaux. Bref, ils s’en donnent à cœur joie et discutent dans un patois incompréhensible. Jacky assure le rôle de gardien.

Nous faisons encore trois kilomètres après Ospern et, sur l’avis de Pat, enfilons un petit chemin de terre qui serpente à droite entre deux champs. La pente, les ornières, nous obligent à pousser nos machines. Je fais tomber le bidon d’aluminium qui contient le lait.

Nous arrivons à un bois, à cinq cents mètres de la route. Nous dominons toute la région. C’est vraiment très bien et on ne fait pas mieux à l’hôtel des Alpes ou à l’hôtel Bellevue. (D’autant plus que souvent, les susdits Hôtels Bellevue n’en n’ont pas du tout … de vue). Il fait presque nuit.

Pat nous indique un emplacement pour dresser la tente. Lui s’occupera de la cuisine. Il nous promet un riz au curry dont nous nous lècherons les doigts. Jacky et moi nous mettons au travail. Avec beaucoup de peine, et après nous être emmêlés plusieurs fois dans les tendeurs, nous réussissons à monter notre habitation. Pour la toile de sol, c’est une autre histoire. Pat doit venir à notre secours.

Il fait complètement nuit. Il nous faut chercher du bois à tâtons . Nous revenons à notre campement, guidé par la lumière de notre feu, non sans trébucher sur des branches basses.

Patatras ! Jacky vient de renverser une des deux bouteilles d’eau. L’autre est utilisée pour le riz. Tant pis, nous boirons le lait.

Pat s’énerve. Il n’a pas ce qu’il lui faut pour exécuter sa fameuse sauce. Il saupoudre simplement le riz de curry.

Nous sommes assis tous trois autour du grand feu. La flamme qui joue sur nos visages en ombres changeantes nous donne l’aspect de bandits. J’ai le jambes grillées et le dos au frais. La fumée tourne continuellement, nous asphyxiant généreusement . Pat prend son rôle de cuisinier au sérieux. Il ajoute une branche de temps à autre ou souffle pour activer la combustions.

C’est cuit … Un peu de lait dans le riz et ce sera parfait. C’est abominable. Il faut avoir grand faim pour essayer d’avaler cette nourriture. Nous y renonçons. Au moins nous allons boire un peu pour nous rincer la bouche. Le lait a tourné, il est aigre. S’en est fait de notre boisson de ce soir et de notre petit déjeuner de demain matin.

En fin de compte, deux boîtes de pâté et un morceau de saucisson constituent notre premier dîner.

Nus allons nous promener un peu. La nuit est tiède. Là-bas, dans le lointain, quelques lumières scintillent. Tout est calme et reposant. Rentrons. Les tisons sont piétinés, les cendres dispersées. Nous nous mettons en pyjama, puis nous glissons sous la tente. Jacky couche à droite, Pat au milieu, moi à gauche. Des cônes de pins et des branchettes me meurtrissent les reins. Il fait chaud. Claude ronfle. Je vais en faire autant…

Informations

Distance parcourue

338 km

Durée totale

11 heures

Durée de roulage

6 heures 20minutes

Moyenne

50km/h

Vitesse maximale

115km/h

Déjeuner

Restaurant : Restaurant Baia Peixe
Menu : Bouchée à la Reine – Filet mignon/purée – Poire Belle Hélène – Café (bon et copieux)
Prix : 14,90€€

Dîner

Restaurant : Happy Sushi
Menu: Gyoza – Sashimi – Asahi
Prix : 30,90€

Hôtel et Petit Déjeuner

Hôtel : Christophe Co
Confort : Standard
Prix : 152€

Activités

1 – Champ de bataille de Valmy
2 – Balade dans Luxembourg

Total marche : 7,6km

Essence

SP 98
Quantité : 15,8l
Prix : 32,01€

Divers

2 commentaires

Répondre à Romain Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.